
L’article suivant, publié initialement par WattPoultry offre un excellent aperçu des différents additifs alimentaires et de leurs mécanismes d’action. Ces informations peuvent être utiles pour discuter des objectifs de santé des animaux avec votre nutritionniste et votre vétérinaire, et pour réduire l’utilisation des antimicrobiens tout en préservant leur santé et leur bien-être.
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La durabilité est devenue un principe directeur de l’agriculture moderne, et la production de volaille n’y fait pas exception. Alors que la pression augmente pour réduire l’empreinte environnementale sans compromettre la productivité, l’utilisation stratégique des additifs alimentaires est devenue un outil clé pour atteindre ces objectifs.
Cet article présente 20 additifs alimentaires pouvant jouer un rôle déterminant dans l’amélioration de la durabilité de la production de volaille.
Comprendre la durabilité dans la production de volaille
La durabilité dans la production de volaille consiste à adopter des pratiques qui assurent la viabilité à long terme du secteur sur les plans environnemental, économique et social. Ses principaux objectifs sont de réduire l’impact environnemental, d’améliorer l’efficacité alimentaire et de renforcer la santé des animaux. Les additifs alimentaires peuvent constituer un puissant levier dans cette démarche. En les intégrant de manière stratégique, les producteurs de volaille peuvent contribuer de façon significative à un avenir plus durable.
Méthodologie d’évaluation des additifs alimentaires
L’évaluation des additifs alimentaires en fonction de leur contribution à la durabilité repose sur les indicateurs suivants :
Indice de transformation (Indice de conversion alimentaire, ICA) : Évaluer les améliorations de l’ICA permet de mieux comprendre l’efficacité d’utilisation de la moulée. Les additifs qui améliorent l’ICA réduisent directement la quantité de moulée requise pour une croissance optimale, limitant ainsi l’utilisation des ressources et la production de déchets.
Rejet de nutriments : Mesurer la réduction des rejets de nutriments, comme le phosphore ou l’azote, aide à évaluer l’impact environnemental des additifs alimentaires. Les additifs qui diminuent ces rejets réduisent les risques de pollution de l’eau et des sols.
Émissions de gaz à effet de serre : Certains additifs peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la production et à la digestion de la moulée. Quantifier ces réductions contribue aux efforts visant à atténuer les changements climatiques.
Avantages pour la santé : Évaluer la santé des animaux, par exemple en observant une baisse des maladies et un renforcement du système immunitaire, permet de déterminer dans quelle mesure les additifs contribuent au bien-être global et réduisent le recours aux traitements médicaux.
Impact économique : Analyser les économies liées à une moindre utilisation de la moulée, à une réduction des maladies et à une efficacité alimentaire accrue permet de quantifier les avantages économiques des additifs. Ces économies contribuent à la durabilité économique globale de la production de volaille.
1. Probiotiques
Les probiotiques améliorent la santé intestinale en favorisant la croissance des bactéries bénéfiques, en optimisant l’absorption des nutriments et en réduisant le recours aux antibiotiques. Leur utilisation peut entraîner une amélioration de 2 % à 5 % de l’ICA et une diminution de l’usage des antibiotiques pouvant atteindre 50 %. Cela améliore la santé des animaux et contribue à réduire la résistance aux antimicrobiens, un enjeu crucial pour la santé publique.
2. Prébiotiques
Les prébiotiques favorisent la croissance des bactéries bénéfiques de l’intestin, contribuant ainsi à un microbiome plus sain. Leur incorporation dans l’alimentation de la volaille peut améliorer l’ICA de 1 % à 3 % et réduire le recours aux antibiotiques de 20 % à 40 %. Cela renforce la santé intestinale et le bien-être global des oiseaux, favorisant ainsi des pratiques de production plus durables.
3. Acides organiques
Les acides organiques abaissent le pH intestinal, ce qui freine la prolifération des bactéries pathogènes et améliore l’absorption des nutriments. Ils peuvent réduire la charge pathogène jusqu’à 90 % et améliorer l’ICA de 2 % à 4 %. En assainissant l’environnement intestinal, les acides organiques diminuent le recours aux antibiotiques et favorisent une utilisation plus efficace de la moulée.
4. Phytase
La phytase augmente la biodisponibilité du phosphore contenu dans la moulée, réduisant le besoin en suppléments de phosphore inorganique. Cette enzyme peut diminuer les rejets de phosphore de 30 % à 50 % et réduire les coûts d’alimentation de 3 % à 6 %. En limitant les pertes de phosphore, la phytase joue un rôle essentiel dans la réduction de l’impact environnemental de la production de volaille.
5. Enzymes (p. ex., xylanase, bêta-glucanase)
Des enzymes comme la xylanase et la bêta-glucanase améliorent la digestibilité énergétique des ingrédients alimentaires, ce qui optimise l’absorption des nutriments. Elles peuvent améliorer l’ICA de 3 % à 8 % et réduire la consommation d’énergie jusqu’à 5 %. Ces enzymes optimisent l’efficacité alimentaire et renforcent la durabilité de la production de volaille en réduisant la quantité de moulée requise pour la croissance.
6. Fibres fonctionnelles
Les fibres fonctionnelles améliorent la motilité intestinale et la digestion globale, ce qui favorise une meilleure absorption des nutriments et une meilleure santé. Leur incorporation peut améliorer l’ICA de 3 % à 5 % et renforcer la santé intestinale de 15 % à 25 %. En favorisant une digestion efficace, elles contribuent à la durabilité de la production de volaille grâce à une meilleure utilisation de la moulée et à une réduction des déchets.
7. Huiles essentielles
Les huiles essentielles possèdent des propriétés antimicrobiennes et antioxydantes naturelles, ce qui réduit le besoin en antibiotiques de synthèse. Elles peuvent diminuer l’usage des antibiotiques de 20 % à 30 % et réduire la charge pathogène jusqu’à 60 %. En offrant une alternative naturelle aux antibiotiques, les huiles essentielles favorisent une gestion durable de la santé de la volaille.
8. Additifs dérivés d’algues
Les additifs à base d’algues constituent une source durable d’acides gras oméga-3, réduisant la dépendance à la farine de poisson. Ils peuvent augmenter la teneur en oméga-3 des produits de volaille de 50 % à 70 % et, dans certains cas, remplacer complètement la farine de poisson. En utilisant les algues, les producteurs de volaille peuvent réduire l’impact environnemental associé aux sources traditionnelles d’oméga-3.
9. Farine d’insectes
La farine d’insectes offre une source de protéines durable et hautement digestible, réduisant la dépendance aux ingrédients traditionnels de la moulée. Son utilisation peut entraîner une réduction des émissions de gaz à effet de serre allant jusqu’à 80 % et remplacer entièrement les sources de protéines traditionnelles. Elle représente une avancée importante vers des pratiques d’alimentation durables, répondant aux enjeux environnementaux et d’utilisation des ressources.
10. Composés phytochimiques (p. ex. curcumine, resvératrol)
Les composés phytochimiques, comme la curcumine et le resvératrol, réduisent le stress oxydatif et renforcent la fonction immunitaire, contribuant ainsi à de meilleures performances de croissance. Leur utilisation peut diminuer le stress oxydatif de 20 % à 40 % et améliorer les performances de croissance de 5 % à 10 %. Ils constituent une solution naturelle pour améliorer la santé et la productivité de la volaille, tout en favorisant des pratiques de production durables.
11. Sélénium organique
Le sélénium organique renforce les défenses antioxydantes et la fonction immunitaire, ce qui améliore la santé globale de la volaille. Son utilisation peut accroître la fonction immunitaire de 10 % à 30 % et augmenter l’activité antioxydante jusqu’à 20 %. En améliorant la résilience des oiseaux face au stress et aux maladies, le sélénium organique favorise une gestion plus durable de la santé de la volaille.
12. Cultures de levures
Les cultures de levures soutiennent la santé intestinale en favorisant l’équilibre microbien et en améliorant l’absorption des nutriments. Elles peuvent améliorer l’ICA de 2 % à 5 % et renforcer la santé intestinale de 10 % à 20 %. En favorisant un système digestif sain, les cultures de levures aident les producteurs de volaille à améliorer l’efficacité alimentaire et à réduire le recours aux interventions médicales.
13. Extraits de plantes (p. ex., curcuma, ail)
Les extraits de plantes, comme le curcuma et l’ail, offrent des effets antioxydants et antimicrobiens naturels, améliorant l’appétence de la moulée et réduisant le stress oxydatif. Ces extraits peuvent réduire le stress oxydatif de 20 % à 30 % et améliorer l’ICA de 1 % à 3 %. Le recours aux extraits de plantes constitue une approche naturelle et durable pour améliorer la santé et la productivité de la volaille.
14. Suppléments d’acides aminés (p. ex., méthionine, lysine)
Les suppléments d’acides aminés améliorent l’utilisation des protéines et réduisent les rejets d’azote, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace de la moulée. Ils peuvent accroître l’utilisation des protéines de 5 % à 10 % et réduire les rejets d’azote jusqu’à 30 %. En optimisant l’apport protéique, ils minimisent l’impact environnemental de la production de volaille.
15. Chélates d’oligoéléments
Les chélates d’oligoéléments améliorent la biodisponibilité des minéraux, réduisant ainsi leur excrétion et la pollution de l’environnement. Ils peuvent réduire les rejets minéraux de 20 % à 40 % et améliorer l’ICA de 2 % à 4 %. En assurant une absorption efficace des minéraux, les chélates jouent un rôle essentiel dans la réduction de l’empreinte environnementale de la production de volaille.
16. Bêta-glucanes
Les bêta-glucanes stimulent le système immunitaire et réduisent l’incidence des maladies, ce qui se traduit par des oiseaux en meilleure santé. Leur utilisation peut améliorer la réponse immunitaire de 15 % à 25 % et réduire l’incidence des maladies jusqu’à 30 %. En renforçant le système immunitaire, les bêta-glucanes contribuent à une approche plus durable de la gestion de la santé de la volaille.
17. Oligosaccharide-mannane (MOS)
Les oligosaccharides-mannanes (MOS) améliorent la santé intestinale en empêchant la colonisation par des agents pathogènes et en favorisant l’absorption des nutriments. Ils peuvent améliorer l’ICA de 2 % à 5 % et réduire la charge pathogène de 20 % à 30 %. En favorisant un environnement intestinal sain, les MOS favorisent la durabilité de la production de volaille en réduisant le recours aux antibiotiques.
18. Électrolytes
Les électrolytes maintiennent l’hydratation et favorisent l’équilibre électrolytique chez la volaille, particulièrement en conditions de stress thermique. Leur utilisation peut réduire le stress thermique de 10 % à 20 % et améliorer l’ICA de 1 % à 3 %. En aidant les oiseaux à faire face aux facteurs de stress environnementaux, les électrolytes contribuent à un système de production plus résilient et durable.
19. Bicarbonate de sodium
Le bicarbonate de sodium contribue à alcaliniser la moulée et l’eau, réduisant ainsi l’acidose et améliorant la consommation de moulée en période de stress thermique. Son utilisation peut réduire l’acidose jusqu’à 30 % et améliorer l’ICA de 2 % à 4 %. En maintenant un pH optimal, le bicarbonate de sodium favorise une meilleure digestion et une efficacité alimentaire accrue, contribuant à la durabilité de la production de volaille.
20. Bétaïne
La bétaïne est un composé naturel présent dans des plantes comme la betterave à sucre. Elle agit comme osmolyte, stabilisant les structures cellulaires et protégeant les cellules contre le stress. Dans les régimes alimentaires de la volaille, la bétaïne améliore les performances de croissance et réduit l’impact du stress thermique. Elle peut améliorer l’ICA d’environ 2 % à 4 %, réduire les effets du stress thermique jusqu’à 20 % et diminuer la mortalité liée au stress thermique de 10 % à 15 %. En améliorant l’ICA et en minimisant les effets du stress, la bétaïne contribue à une utilisation plus efficace des ressources et à une meilleure santé globale de la volaille.
Adopter l’innovation pour un avenir durable
Le secteur de la volaille se trouve à un moment charnière où l’innovation et la durabilité doivent aller de pair. L’intégration d’additifs avancés dans les régimes alimentaires de la volaille représente une approche proactive pour atteindre ces deux objectifs.
Chacun des additifs présentés offre des avantages uniques, contribuant à améliorer l’efficacité alimentaire, à réduire l’impact environnemental et à renforcer la santé des animaux. En intégrant ces solutions de façon stratégique et adaptée à chaque ferme, les producteurs de volaille peuvent faire des avancées majeures vers un avenir plus durable.
Ioannis Mavromichalis, Ph. D., est consultant en nutrition animale. On peut le joindre à l’adresse imavromichalis@icloud.com.