En réponse au Winnipeg Free Press

L’article de Graham Lane sur les différences de prix entre le Canada et les États-Unis (For lower prices, end supply management) dégage correctement certaines des causes de cet écart, mais la gestion de l’offre n’est pas l’une d’entre elles.

Dans son rapport sur l’écart des prix entre le Canada et les É.-U., le comité du Sénat sur les finances nationales convient que les prix plus élevés du transport, du carburant et des taxes sont des facteurs importants, mais qu’on ne doit pas sous-estimer l’influence des coûts plus élevés de la main-d’œuvre et de l’absence d’économies d’échelle sur le marché canadien. On ne rend pas justice à la situation quand on se borne à parler de « volumes de ventes plus élevés » alors que nos voisins du Sud ont une population dix fois plus grande que la nôtre.

Même l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a démontré que les Canadiens paient en moyenne 23 % de plus que les Américains pour tous leurs produits et services, du ketchup aux automobiles, y compris ceux que cite M. Lane. Il est fallacieux de placer quelques produits – à savoir les produits laitiers, la volaille et les œufs – à l’épicentre du débat concernant l’écart de prix.

Le point crucial de cette conversation n’a toutefois pas été mentionné : les producteurs n’établissent pas les prix de détail.

C’est vrai. Les producteurs sous le régime de gestion de l’offre peuvent négocier ce qu’on appelle un « prix à la ferme » – le prix qu’ils toucheront pour leurs produits quand ces derniers quitteront la ferme – mais c’est tout. Cet équitable prix à la ferme couvre les coûts de production et aide à faire de l’agriculture une industrie viable pour les fermes familiales.

De leur côté, les détaillants et restaurateurs établissent leurs propres prix et demandent ce que le marché est prêt à payer. Ils fixent le prix de la nourriture – et de toutes les autres choses – en fonction de nombreux autres facteurs qui n’ont rien à voir avec la part que touche le producteur, y compris la concurrence entre détaillants, le positionnement de la marque, le coût d’articles concurrents et les réclames qui visent à attirer les consommateurs.

Un autre point qu’il importe de souligner est le fait que les producteurs ne reçoivent qu’un petit pourcentage du dollar qu’un consommateur paie pour sa nourriture. Par exemple, la part qui revient à un producteur de volaille ou d’œufs pour un repas dans un restaurant est normalement plus petite que les taxes pour le repas et beaucoup plus petite que le pourboire que vous laissez au serveur.

Plusieurs facteurs expliquent l’écart des prix de détail entre le Canada et les É.-U., mais notre régime de gestion de l’offre n’en est pas un; le démantèlement de ce système ne garantit aucune économie et pourrait même faire augmenter les prix. Par exemple, l’auteur mentionne que l’Australie a abandonné son régime de gestion de l’offre et est devenue plus « compétitive ». C’est faux. Le mois dernier à Canberra, la capitale de l’Australie, 30 œufs coûtaient 6,69 $ CAD alors qu’à Ottawa, ils coûtaient 5,99 $.

Vous voulez savoir quel est le facteur le plus déterminant dans le prix à la consommation? C’est où et quand vous achetez tout simplement.

Si M. Lane veut une politique rationnelle, je serai heureux de l’inviter à venir observer comment elle fonctionne sur ma ferme.

Dave Janzen, Président
Les Producteurs de poulet du Canada